G20 à Hambourg en 2017 : Terrorisme, peinture et mascarade policière

Le contre-sommet du G20 à Hambourg en 2017 fait encore parler de lui et c’est pour cela que nous décidons de revenir sur une garde à vue d’un de nos camarades, un témoignage parmi tant d’autres d’une répression sans limite quitte à être ridicule.

C’était en juin 2018, un de nos militants reçoit par courrier ainsi que par téléphone une convocation au commissariat du 3/6 à Lyon.
Comme d’habitude l’objet de la convocation est « pour une affaire vous concernant ». Notre camarade, qui est déjà sous contrôle judiciaire pour des actions contre le groupe fasciste le Bastion social Lyon, est dans l’obligation de répondre à toutes convocations de justice ou de police.
Il se rend donc un matin de juin 2018 au commissariat et c’est à ce moment-là qu’on le place en garde à vue.
Les faits qu’on lui reproche sont « violence aggravée en réunion pendant l’été 2017 à Lyon 6e » et plus étonnant « Apologie du terrorisme en 2015 ». Voilà ce que l’OPJ [1] lui dit avant de le laisser en cellule de garde à vue le temps que son avocat se déplace c’est à dire pendant 4 heures avant l’audition.
C’est à ce moment que l’OPJ lui donne plus de précisions sur les deux faits reprochés. Mais l’OPJ aime le suspense, et lui demande s’il se souvient de ce qu’il a fait pendant l’été 2017. Le camarade ne se souvenant pas, le policier lui montre une photo de soutien du Groupe Antifasciste Lyon et Environs pour un camarade emprisonné à Hambourg en Allemagne durant l’été 2017 à la suite du contre-sommet du G20. Cette photo avait été prise devant le consulat Allemand à Lyon 6e.
Ce qu’on lui reproche c’est d’avoir attaché une des banderoles en tissu sur le grillage du consulat à l’aide d’un nœud. Sur cette banderole on pouvait lire « Fuck G20, Die ganze welt hasst die polizeï » [2]. Et pour cela les faits sont qualifiés de violence aggravée en réunion ! Et non vous ne rêvez pas, mais ce n’est pas tout…
Pourquoi notre camarade et pas d’autres présent-e-s sur la même photo ? Bien entendu le policier n’hésitera pas à demander de balancer les noms au cas où ça marcherait… Et bien parce que des analyses ADN ont été faites sur le tissu et c’est l’ADN de notre camarade qui a été détecté. Notre camarade niera avoir accroché quoique ce soit au grillage de l’ambassade même s’il reconnaîtra être présent sur la photo de soutien. Devant cette mascarade son avocat fera part de sa surprise au policier pour avoir fait des analyses pour un bout de tissu sur un consulat.
Le policier leur confiait que le jour où cette banderole a été attachée, un équipage de police a dû rester de 18h à 23h00 à surveiller la banderole. En effet, les informations sont remontées en Allemagne puis Paris pour redescendre à Lyon pour finalement donner l’ordre de détacher la banderole et d’effectuer des analyses dessus.
Mais attendez ce n’est pas tout ! Rappelez-vous on reproche aussi à notre camarade « apologie du terrorisme » … Et oui car en effectuant les analyses ADN sur la banderole, ils en ont aussi profité pour faire des analyses de la peinture qui se trouvait dessus et attention nos experts à Miami ont trouvé que les molécules de peinture correspondaient aux mêmes molécules de peinture d’un tag pro DAESH fait dans les monts d’or en 2015, c’est-à-dire 2 ans auparavant.
Face à la farce de cette accusation même le policier était démotivé pour poser ses questions. Il le fera quand même en précisant « ce n’est pas moi qui fais les questions, ça vient de plus haut ».
Effectivement, les accusations d’un tag pro Daesh pour notre camarade, qui ne cache pas être antifasciste, ne tenait pas. De plus, les molécules de peinture ne veulent rien dire car ce genre de bombe de peinture n’est pas vendu en exemplaire unique mais à des milliers d’exemplaires, chaque jour de production.
Bref la journée de notre camarade se termina après 9h de garde à vue gratuite car aucune poursuite ne sera retenue contre lui finalement.
Alors quelles étaient les intentions de ceux qui écrivent les questions ? Fichage après le G20, harcèlement d’un camarade déjà sous contrôle judiciaire, invention de fausses accusations pour pouvoir justifier une éventuelle perquisition ?
On n’en saura pas plus mais on réalise de plus en plus jusqu’où la police et la justice peuvent aller pour essayer de détruire certaines organisations ou essayer de classer certaines luttes comme terrorismes, quitte à être ridicule.
En tous cas la lutte continue et nous avons une pensée pour toutes les personnes qui subissent encore la répression du G20 ou encore incarcérées.

Groupe Antifasciste Lyon et Environs

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